Phébus, du haut des cieux, régnoit sur l’hémisphère ;
De ses regards brûlants il reconduit la terre ;
Le doux fruit des coteaux, les trésors des sillons
Mûrissoient exposés à ses ardents rayons ;
Et succédant aux fleurs que le printemps nous donne,
Les brillants attributs de la riche Pomone,
Tous différents de goût, de forme et de couleurs,
Ressentoient les effets de ses feux créateurs.
Lui-même en son ouvrage on l’eût vu se complaire ;
Et tout enorgueilli des efforts triomphants,
Fier des heureux succès de ses nombreux enfants,
Il sembloit s’applaudir du bonheur d’être père.
Mais dans sa course irrégulière,
Toujours docile aux loix du créateur,
L’astre des nuits ternit tant de splendeur
En se plaçant devant son frère.
Toute sa majesté, ses feux étincelants,
Furent en un instant éclipsés par la lune.
Dans nos succès les plus brillants
Nous touchons au moment d’un revers de fortune.
“L’Eclipse solaire”