Étienne Fumars
Poète et fabuliste XVIIIº – L’Écolier et les Verges
Tout hors de son étui, dans une humble posture,
Le derrière innocent
D’un jeune adolescent
Sentant déchirer sa figure,
Frétillait, grimaçait, se plaignait à l’osier
Meurtrier :
Qu’ai-je fait ? lui disait la ronde créature ;
Ai-je poussé jamais un soupir indiscret ?
Plus qu’un chartreux je suis muet.
Loin de l’œil des humains, dans ma demeure obscure
Je me tiens coi ; je vis en vérité
Presque en odeur de sainteté.
Capricieuse souveraine.
Dame tête, à sa volonté,
Ordonne qu’on me foule ou bien qu’on me promène ;
Et puis fait-elle une fredaine,
C’est encor moi qui suis fouetté :
Toujours de ses travers porterai-je la peine ?
— Ah ! tu veux raisonner ! dit l’osier plus actif
A l’écolier rétif.
On voit bien que tu ne lis guère :
Mets ton nez dans l’histoire, et tu verras cent fois
Dans la paix, dans les guerres,
Les peuples, sans se plaindre, avoir les étrivières
Pour les fautes des rois.
Étienne Fumars, L’Écolier et les Verges