Un écolier, jeune, étourdi, léger,
Ennemi du travail, lisant le moins possible,
Appelait un cachot horrible,
La chambre où, pour le corriger,
L’avait mis certain maître à ses maux peu sensible,
Pour charmer son ennui, le petit paresseux
Ne crut point rencontrer une meilleure voie,
Un expédient plus heureux .
Que d’élever un ver à soie.
Mais le voyant s’envelopper,
Avec une fatigue extrême,
Dans un gros cocon , que lui-même
Avait filé pour s’occuper.
Insensé! lui dit-il, comme tu le démènes;
Que tout ce que lu fais montre peu de raison!
En vérité, peut-on se donner tant de peines
Pour se construire une prison!
Celui-ci répondit: « toujours chenille immonde ,
Je serais , me livrant à tes conseils pervers;
Tandis qu’en travaillant, avant peu, dans les airs,
Papillon devenu , j’étonnerai le monde.
Jeunes gens ! le savoir n’est un épouvantail
Que pour une âme basse, à la tourbe asservie ,
Livrez-vous, croyez-moi, de bonne heure au travail,
Si vous ne voulez pas ramper toute la vie.
“L’Écolier et le Ver à Soie”