Sur le soir, dans sa chambre, Etienne Friponnin,
(C’était un écolier moins savant que malin.
Que j’en connais de cette sorte !)
Vit entrer un oiseau… Certes, te voilà pris.
(Il ferme en même tems sa fenêtre et sa porte.)
Tu n’échapperas point. C’est moi qui te le dis.
Je t’aurai. Je te tiens. Mais il faut que je sorte,
Car le soupé m’appelle, et le couvert est mis.
Je vais voir cependant s’il n’est pas quelque fente
Qui puisse à mes yeux te cacher…
Sa main curieuse et prudente
Dans tous les coins s’empresse de chercher
Fentes et trous pour les boucher.
Puis il sort doucement plein d’espoir et de joie.
Un clin d’œil lui suffit pour faire son repas.
Impatient de retrouver sa proie,
Il monte, il ouvre, il entre, il ne voit rien… Hélas !
Mon Oiseau s’est enfui. Je ne le conçois pas…
Moi, je le conçois bien. C’est par la cheminée,
Ami, que votre Oiseau s’est tiré d’embarras,
Et qu’il vient d’éviter sa triste destinée.
Moralisons. Bien des humains,
Souvent jusqu’à l’excès portent la prévoyance.
Ce sont autant de Friponnins.
La seule chose d’importance,
Propre à les conduire à leurs fins,
Est par eux oubliée ; et cette négligence
Fait échouer leurs plus sages desseins.
“L’Ecolier et l’Oiseau”