Un écolier très-jeune, à peine adolescent,
Se promenait dans la campagne :
Son précepteur, très-savant, l’accompagne ,
Et l’instruisait chemin faisant
Sur ses devoirs , sur la manière
De vivre dans le monde , y trouver le bonheur.
Notre écolier vit une fourmilière ;
Sans écouter le précepteur
Qui lui prêchait l’horreur du vice,
Il renverse tout l’édifice ;
Et dans l’instant il rendit malheureux
Ce peuple patient et très-laborieux.
Le Mentor voulut entreprendre
La cause des fourmis : cessez de me reprendre ,
Dit l’écolier ; quel mal ai-je donc fait ?
Tous ces insectes sont nuisibles.
— Mais ce sont des êtres sensibles.
Tout dans la nature est parfait :
La fourmi rarement peut nuire :
Son ardeur au travail doit plutôt vous instruire
D’éviter la mollesse , un vice dangereux :
Sachez qu’il est plus beau de faire des heureux,
Si l’ennemi venait ravager le village ,
Et que dans un excès de rage,
Il voulût renverser jusqu’à votre maison,
Privé de tout, sans habitation ,
Dans un état si déplorable
Pensez-vous donc qu’il fût très-agréable
De rebâtir sur nouveaux frais ?
J’entends votre leçon , répartit le pupille
Faisons le bien , et n’oublions jamais
Que l’Éternel ne fit rien d’inutile.
“L’Écolier et Précepteur”