Dédiée à M. X… par son grand-père
Un écureuil faisait tourner sa cage.
« A quoi bon tant d’efforts ? lui dit un jeune chat,
Demi-privé, demi-sauvage.
Si comme toi j’étais forçat,
A ce tourment j’échapperais bien vite ;
Et ne pouvant me sauver par la fuite,
Je me tuerais… » — « Je ne suis pas si sot,
Repartit l’écureuil ; la mort vient assez tôt ;
A tout solitaire
L’exercice est salutaire ;
J’en prends pour ma santé,
D’un mauvais coup aussi pour n’être point tenté.
Je maintiens donc, sans regret inutile,
Mon esprit sain, mon corps agile,
Pour être propre encore à vivre en liberté.
Je suis captif, la chose est trop certaine ;
Mais qui sait ? quelque jour je puis rompre ma chaîne.»
Ce qu’il disait advint. Un enfant, une fois,
Lui donnant à manger, laissa la porte ouverte.
A s’évader l’écureuil fut alerte ;
Comme il était dispos, il put gagner le bois.
L’enfant, désappointé, mit le chat à sa place :
Il voulait voir quelle grimace
Il ferait là. Le chat, qui se mit en fureur,
Fit des cris tels, que l’enfant, prenant peur,
S’enfuit en le laissant en cage.
De l’écureuil ou du matou,
Dis-moi, Xavier, lequel tu trouves sage ?
Je te dirai lequel me paraît fou.
“L’Écureuil et le Chat”