Jean Baptiste François Ernest Chatelain
L’Éléphant colosse bénin
Passait gravement son chemin
Sans s’occuper du voisinage.
Un certain scorpion, suppôt de Belzébut,
Le vit, et s’attendant à quelqu’ humble salut,
L’accusa de manquer d’usage.
” Devant les gens qui portent aiguillon
Chacun doit,” lui dit-il, ” amener pavillon ;
Tu devrais le savoir, et ton impertinence
Ne restera pas sans vengeance.”
” Je sais,” répondit l’Éléphant,
Qu’il suffit d’être vil pour nuire à tout venant ;
Qu’on ne peut éviter les insultes d’un lâche
Ni ses sottes clameurs ;
Mais on doit le punir, alors que sans relâche
Il attaque un chacun. Tu m’as menacé … Meurs ! ”
Faquins de tous les rangs votre indigne jactance
En superbes dédains se déverse sur nous ;
Il est temps, croyez-moi, de prendre garde à vous,
Tôt ou tard vous paîrez votre sotte arrogance.
“L’Éléphant et le Scorpion”