Un enfant qui plongeait un bâton dans les eaux,
Croyait toujours le voir courbé dans la rivière,
Et le revoyait droit, quand il sortait des flots.
Mais ce contraire fait excita sa colère,
Et notre mutin s’irritant
Contre l’onde,
Trépignant.
Et pleurant,
Lui dit : » Eh bien! que le ciel te confonde!…»
Aussitôt, du courant sortit
La nymphe, qui lui répondit :
« Mon pauvre ignorant, tu divagues;
Tu ne peux, de tes yeux, bien pénétrer mes vagues.
Ton erreur, donc, demande un autre ton.
Ce n’est pas l’eau qui change ton bâton :
Crois-moi, c’est de ta fausse vue
Que te vient ton faux jugement.
Garde-toi, désormais, de tant d’emportement ;
C’est à toi que l’injure est due,
Pour avoir cru courbé ce qui droit est pourtant. »
L’homme souvent voit noir ce qui, de fait, est blanc!
Mais n’ayons pas, pour nous, cette tendresse extrême
Qui porte l’orgueilleux à s’admirer lui-même.
N’imputons pas, surtout, aux autres notre erreur:
L’avouer franchement est l’acte d’un bon Cœur.
“L’Enfant et la Nymphe”