Un jour de dimanche un enfant
Apporta d’un air triomphant
Un nid de pinsons à sa mère.
Jamais encor son jeune cœur
N’avait senti si grand bonheur ;
Mais ce bonheur ne dura guère :
Ce jour-là même un scélérat,
Un vieil hypocrite de chat,
Par malheur trouvant la nichée,
De chaque oiseau ne fit qu’une bouchée.
L’enfant s’arme d’un gros bâton,
Poursuit le chat dans toute la maison,
Ne peut l’atteindre et pleure de colère.
— Pourquoi donc, mon ami, tous ces emportements?
Lui dit alors sa tendre mère.
Ah ! si le chat mérite une peine sévère,
N’es-tu pas digne, toi, des mêmes châtiments?
Juge, au chagrin que tu ressens.
Quelle douleur amère
Ont dû souffrir ces bons parents
À qui ta main cruelle a ravi leurs enfants !
Apprends, mon fils, que c’est justice
De supporter les maux que soi-même on a faits,
Et prends bien garde désormais
Que tes plaisirs d’autrui ne fassent le supplice.
“L’Enfant et la Nichée”