De l’école, fuyant la discipline austère,
Un marmot à la chasse avait suivi son père.
Quel bonheur, pour l’heureux garçon,
D’esquiver du malin l’ennuyeuse leçon !
Quel plaisir de pouvoir manquer un jour l’école.
Où, du pédant crasseux, l’aspect seul le désole !
Voilà que mon marmot aperçoit un prunier
Où grimpaient le lierre et la ronce:
Los fruits du sauvageon tentèrent l’écolier,
Il s’élança… le père après lui décrier.
L’enfant était sur l’arbre, il riait pour réponse.
— Oh ! les bons fruits, disait-il, en croquant,
Parmi les épines, les prunes ;
Mon petit père, en veux tu quelques-unes ?
Les prunes du jardin n’ont pas ce goût piquant.
— Moins que chez nous, elles sont savoureuses.
Le moineau seul les mange, alors qu’il a bien faim,
Sur notre grand prunier aux branches plantureuses,
Tu pourras en cueillir sans le blesser la main.
L’enfant dit : celles-ci me plaisent davantage,
Pour en manger je reviendrai demain.
Hélas ! plus d’un mari souvent n’est pas plus sage,
N’aimant, comme l’enfant, que la prune sauvage,
Il se dit que le fruit qu’on a dans sa maison,
Au bout de quelque temps, cesse d’être aussi bon.
“L’enfant et le sauvageon”