Apologue , à mon petit-fils
Un enfant s’exerçait dans le bel art d’écrire:
Aller droit dans cet art est le point important.
Combien, grands et petits, vont de travers pourtant!
Ce n’est pas ça que je veux dire.
Dès la seconde lettre Anatole descend ….
Je me corrigerai, dit-il, en poursuivant,
Plus tard,c’est peu de chose, et le moutard de rire,
Si bien qu’à la fin son cahier
Avait l’air d’un vieil escalier
Qui va de la cave au grenier.
Il pleure alors, le mal était irréparable.
Dès le commencement sa mère lui disait :
Corrigez-vous ! le charmant petit diable,
Mutin et têtu, poursuivait.
Il fut grondé, puni, n’était-ce pas bien fait ?
Retenez bien ceci, mon enfant ; dans la vie,
Comme dans l’écriture, une faute est suivie
D’une autre et puis d’une autre encor.
D’un petit mal nait un grand tort.
Au premier mot de notre page,
Arrêtons-nous, regardons notre ouvrage,
Redressons vite un mauvais pas :
Malheur à qui d’abord ne se corrige pas.
“L’Enfant et l’Ecriture”
- Ulric Guttinguer, 1787 -1866