Un enfant prit un pinson,
Et, d’une main délicate,
Il l’attacha par la patte
Avec un brin de cordon.
Ce cordon, flexible chanvre,
Permettait au prisonnier
De voltiger dans la chambre
Où l’enfermait son geôlier.
Au delà de cet espace,
S’il tentait de s’envoler,
Par le fil souple et tenace
Il se sentait rappeler.
Cependant avec tendresse
L’enfant lui met sous les yeux
De l’eau pure et chaque espèce
Des grains qu’il aime le mieux.
Mange, ô toute gentillesse !
Mange et bois, lui disait-il.
Le captif, dans sa détresse,
Refusait eau fraîche et mil.
Ah ! pour te rendre à la joie
N’est-il pas quelque moyen ?
Le chanvre est un dur lien ;
Je t’en vais mettre un de soie.
Le fil au reflet changeant
Laisse à l’oiseau sa tristesse,
Et le jeune enfant s’empresse
D’en acheter un d’argent.
L’argent demeure inutile,
L’enfant persistant encor
Par un ouvrier habile
Fait tisser un lien d’or.
L’oiseau mourant dans sa cage
Dit à l’enfant attristé :
Crois-tu qu’un riche esclavage
Remplace la liberté ?
“L’Enfant et l’Oiseau”