Un pauvre petit nouveau-né,
Fut déposé dans un lieu solitaire.
Marthon passe et s’écrie : « Ah ! comment une mère
Peut-elle ainsi, cher ange abandonné,
Renoncer, sans mourir, à tes douces caresses !
Mais ces femmes auront toujours un cœur d’airain !
Oh ! voilà bien de leurs prouesses ! »
Et, pressant l’enfant sur son sein,
Elle le réchauffe bien vite.
« Viens, cher bijou, tu trouveras un gîte
Auprès de mes enfants plus beaux que ceux des rois.
Bon! maintenant, j’en aurai trois.
Un de plus, un de moins, ce n’est pas une affaire. »
Bientôt notre orphelin ne chercha plus qu’à plaire
A sa mère adoptive et sous ses yeux grandit.
Il travaillait aux champs, dans les bois, à l’étable.
Certain voisin, peu charitable,
Le rencontre un jour et lui dit :
« Ignores-tu la différence
Que fait Marthon entre ses fils et toi ?
Tu n’obtiendras jamais sur eux la préférence,
Tu n’es pas son enfant ; fuis, mon ami, crois-moi ;
Fuis au plus vite et considère
Que tu n’es à ses yeux qu’un pauvre être avili.
— Moi, la quitter !… Renier pour ma mère
Celle qui m’aime tant et qui m’a recueilli ?
N’est-elle pas ma providence ?
Fi ! de tous vos conseils. Éloignez-vous d’ici.
Ah ! vous devez, voisin, pour me parler ainsi,
Ignorer les douceurs de la reconnaissance. »
“L’Enfant trouvé”