Nicolas François de Neufchâteau
Un fameux orateur au peuple athénien
Reprochait autrefois sa fougue pour la guerre :
« Êtes-vous les plus forts, vous n’écoutez plus rien,
« Disait-il : vous voulez tout vaincre. Pour vous plaire
« Il faut bien se garder de vous parler raison ;
« Tout conseil modéré semble une trahison.
« On doit flatter encor votre ardeur militaire,
« Qui ne peut s’arrêter, et qui porte à l’excès
« Cet insolent orgueil, né des moindres succès.
« Vaincus et consternés, ah! c’est une autre affaire.
« C’est alors seulement que vous parlez de paix.
« Vous demandez pardon quand vous êtes à terre,
« Et c’est le vrai moyen de ne l’avoir jamais. »
Ainsi l’on brave tout, de rien l’on ne se sevré ;
Du régime on se rit, tant qu’on est en santé;
Mais quand la médecine accourt avec la fièvre,
On fait, souvent trop tard, vœu de sobriété.
“Les Athéniens”