Charles-Guillaume Sourdille de la Valette
Écrivain, poète et fabuliste XVIIIº – Les Chiens
Dans la cuisine, un soir, admis auprès du feu
Par le gros chef qui ronflait dans sa chaise.
Brifaut, Faraut, Miraut occupaient tout à l’aise
Et les deux coins et le milieu.
Fort peu touchés que Castor, leur confrère,
Plus tard venu, grelottât par derrière.
« Ils sont trop bien. et moi je suis trop mal.
« Se dit tout bas Castor. Je veux partage égal :
« Je l’aurai : c’est justice et non point jalousie. »
La porte était ouverte, il sort en aboyant :
Tous sont bientôt de la partie :
C’était son but. Quand il les voit criant,
Courant, hurlant, cherchant qui mordre.
Le malin auteur du désordre,
Dans la cuisine adroitement rentré.
Va s’étendre au foyer dont il s’est emparé.
Tantôt il ne voulait que le quart de l’espace:
Il s’en arroge la moitié,
Et pour ceux dont il prit la place
A son tour il est sans pitié.
Point de droits meilleurs que les nôtres
Lorsque nous voulons parvenir :
Sommes-nous parvenus ? adieu tout souvenir
De droits semblables chez les autres !
Sourdille de la Valette, Les Chiens
