Deux chevaux se trouvèrent un jour par hasard près d’un bois ; l’un était chargé d’un sac de farine, l’autre d’une grande somme d’argent. Le dernier, fier de son fardeau, marchait tête levée : il remplissait l’air de ses hennissements. Misérable esclave de meunier, sors du chemin, dit-il à l’autre : ne vois-tu pas que je porte un trésor ? Un trésor ! dit tranquillement le premier ; je vous en fais mon compliment : je n’ai jamais eu cet honneur-là, je vous assure : la farine est ma charge ordinaire. Dans ce moment ils sont attaqués par une bande de voleurs, qui tombent sur le cheval chargé d’argent, lui enlèvent son trésor, et laissent passer l’autre et sa charge. Frère, dit le cheval de meunier, où est à présent votre trésor ? Vous êtes plus pauvre que moi. Apprenez que les grands postes sont souvent dangereux pour ceux qui les possèdent : si, comme moi, vous n’aviez porté que de la farine, vous auriez pu voyager en sûreté.
L’objet qui nous inspire de l’orgueil est souvent la cause de nos malheurs.
“Les deux Chevaux”