Près du feu deux enfants admiraient la structure,
Le bois verni, la brillante dorure
D’un riche et superbe soufflet
Qui, de ses flancs pressés, semblait,
A leurs yeux éblouis, vomir des étincelles.
Vainement ils cherchaient dans leurs jeunes cervelles
A découvrir quels étaient les ressorts
Et l’inconcevable harmonie
De cet être aux brillants dehors,
Qui, leur avait-on dit, renfermait dans son corps
Un petit animal en vie.
— Je voudrais bien, dit l’un des deux, savoir
Comment est sa figure ; hier, dans la cuisine,
Avant de me coucher, ma bonne Joséphine
Me contait que c’était fort curieux à voir.
Si nous y regardions : Oh ! dis-moi, veux-tu, frère ?
Celui-ci de ne point demeurer en arrière ;
Aussitôt fait que dit. Voilà mes deux marmots
Qui font à qui mieux mieux manœuvrer leurs couteaux,
Et du bel instrument séparent les deux branches.
Qui fut désappointé ? Que trouvent mes nigauds ?
Du vide entre deux planches !
Vous, que recouvre un maroquin brillant,
Livres à style romantique,
Boursoufflé, pompeux, emphatique,
Nous éprouvons, en vous ouvrant,
Un pareil désenchantement.
“Les deux Enfants et le Soufflet”