Tout excès nuit, le trop et le trop peu :
Il existe un certain milieu
Qu’on doit tenir en tout — Au bord d’une rivière
– Deux jeunes gens, la ligne en main,
Attendaient le poisson. Un pêcheur eut affaire
Par hasard en ce lieu. L’homme le considère ;
« Vous seriez là jusqu’à demain,
Dit-il à l’un des deux, ce serait bien en vain ;
Mon ami vous lire? trop vite.
Vous ne donnez pas au poisson
Le temps de prendre à l’hameçon ;
Avant qu’il ait mordu vous le mettez en fuite »
L’autre gaillard entendait la leçon :
« Comment, dit-il, c’est de la patience
Qu’il nous faut, rien de plus?. Eh bien ! nous en aurons,
Et désormais nous attendrons. »
Quand le pécheur fut loin, le premier dit : » Je pense
Qu’il s’est voulu moquer, ou je me trompe fort.
— Non, mon ami, vous avez tort,
Reprend son compagnon, essayons sa manière. »
Mais l’ami n’en voulu rien faire ;
Et sans cesse agitant la ligne et l’hameçon ,
Avant qu’il arrivât, faisait fuir le poisson.
L’autre, laissant son appât immobile ,
Tout au rebours avait pris la leçon :
Et le poisson le plus tranquille
Pouvait ronger à l’aise, et le faisait fort bien.
Puis de remettre une amorce inutile :
Tout alla mal, nul des deux ne prit rien.
Notre pêcheur eut beau leur prêcher patience :
Ils ne purent jamais, faute d’expérience,
En trouver le juste milieu ;
L’un en eu trop et l’autre peu.
Explication morale :
La modération et le trésor du sage, a dit un poète. Ce vers mérite d’être retenu, parce qu’il est frappant de vérité. Soyez donc modérés, dans vos désirs et dans vos amusements ; ne vous emportez à aucun accès, et fuyez les extrêmes en tout, pour vous tenir dans un juste milieu. C’est ainsi, mes enfants, que vous acquerrez l’estime des autres et de vous-mêmes, parce que n’ayant rien à vous reprocher, vous échapperez aux regrets tardifs et inutiles ; quelquefois même aux reproches de votre conscience; car elle ne nous laisse jamais en repos quand nous avons fait quelque chose de mal ; et nous sommes trop heureux dès que nous pouvons le réparer. (Les deux Enfants et le Pêcheur )
“Les deux Enfants et le Pêcheur”