Jean-Jacques Porchat-Bressenel
Deux écoliers jouaient : survint une querelle.
J’ai gagné ! — Non, c’est moi.— C’est moi, dis-je.— Tu mens.
Aussitôt coups de poing de pleuvoir comme grêle,
Pour appuyer ces arguments.
La fatigue apaisant l’orage,
Chacun s’en va, le vaincu, le vainqueur,
Avec la rage au fond du cœur
Et la meurtrissure au visage.
Que vois-je? Est-ce bien toi, mon fils?
Dit à l’un des enfants son père,
Le voyant rentrer au logis.
Pourquoi cet œil poché, cet air sombre et colère ?
— Mon père, c’est encor ce méchant Adrien…
Qu’on me donne cent coups, s’il me prend fantaisie
De jouer avec lui! C’est fini pour la vie.
Le père le laissa tout dire ; il savait bien
D’un écolier ce que vaut la parole.
Le lendemain, prenant l’essor
Ensemble, au sortir de l’école,
Nos étourdis jouaient… prêts à se battre encor.
C’est bien votre image fidèle,
Princes, bourgeois, époux, amants !
Querelles, raccommodements,
Voilà l’histoire universelle.
“Les Ecoliers”
Jean-Jacques Porchat-Bressenel 1800 – 1864