Sur un impur fumier des feuilles oubliées
Y languissaient humiliées,
Le vent souffle !… leurs bataillons
Montent en légers tourbillons.
Voilà nos folles dispersées.
Et vers les cieux en tous sens élancées.
Fières de leurs nouveaux destins,
Les folles se croyaient des aigles pour le moins;
« Voyez ! voyez donc, criaient-elles
Aux oiseaux qui, comme l’éclair.
Franchissaient l’espace de l’air,
Nous aussi nous avons des ailes ! ! !
Nous irons loin !… » Personne n’en doutait.
Au moins tant que le veut soufflait ;
Mais il cessa; leur sort changea de face.
Et le bataillon glorieux
Revint, confus et furieux.
Reprendre sa première place.
Que d’orgueilleux sont promptement déçus !
Que de sots dont le temps nous venge.
Et qui retombent dans la fange
Quand le vent ne les soutient plus.
“Les feuilles et le Vent”
- Ulric Guttinguer, 1787 -1866