L’Aquilon, des oiseaux avait juré la perte ;
De neige et de glaçons la terre était couverte.
Le plus libertin des Moineaux,
Mourant de froid et de misère,
A ses tristes amours alors ne songeait guère.
L’homme prit ce moment pour tendre ses Gluaux *,
Non sans répandre autour une amorce perfide,
Où vient fondre aussi-tôt maint Oisillon avide.
Dieu sait quelle chère on fit là ;
Bien est-il vrai qu’on s’empêtra
Dans la Glu, mais on s’en tira ;
Le traître accourut vite, et chacun s’envola.
Un seul demeura pris, tout le reste en fut quitte
Pour quelque plume, et se moqua
De qui fit les frais du gala.
A ses dépens on s’égaya,
Quand on fut de retour au gîte.
Un d’eux lui dit, au nom du troupeau parasite :
Ô toi, dont les bienfaits ne font que des appâts,
Tu n’as fait qu’une dupe, et tu fais mille ingrats !
*Piège à oiseaux ; planchettes enduites de glu.
“Les Gluaux par Boisard”