Des lapins nés dans l’esclavage,
De pauvres lapins prisonniers,
Vivaient dans une étroite cage
De balayures des greniers
Et de débris de jardinage.
Un jeune enfant touché de leur triste destin
Résolut d’adoucir leur peine.
Il avait lu dans Lafontaine
Que les mets favoris de maître Jean Lapin
Sont le serpolet et le thym.
Leur en aller quérir dans la forêt prochaine
Fut pour ses pieds légers l’affaire d’un moment.
Il revenait fier et content
Du plaisir qu’il allait leur faire.
Mais, hélas ! quel étonnement !
A ces mets parfumés que Jean Lapin préfère,
Tandis qu’en liberté, dans les champs, dans les bois,
De la nature il suit les amoureuses lois,
Jouant parmi les fleurs et buvant la rosée
Dont l’herbe tendre est arrosée,
Les lapins prisonniers préférèrent les choux.
L’habitude du mal corrompt les meilleurs goûts.
“Les Lapins captifs”