L’Hiver exerçait sur la terre toute sa rigueur, et la neige couvrait toutes les campagnes. Une troupe de petits oiseaux, tout grelottants de froid et presses par la faim , se tenait tristement perchée sur la cime d’un buisson. Un pinson vole vers eux. « Bonne nouvelle! leur crie-t-il : venez ; suivez-moi ; je viens de trouver une aire couverte de grain, nous allons aujourd’hui faire bombance. » A ces mots , toute la troupe se précipite pleine de joie à la suite du pinson , lorsqu’une alouette fort expérimentée cherche à les retenir: « Où volez-vous , jeunes imprudents , vous courez à votre perte. Ne voyez-vous pas que c’est le perfide oiseleur qui a répandu ce grain , pour vous attirer dans ses filets , ne vous y laissez pas tromper, suivez mes conseils, ou vous vous en repentirez trop tard.» Ventre affamé n’a point d’oreilles ; aussi les oiseaux ne l’écoutèrent pas. « C’est une radoteuse , disait le pinson ; ou bien elle voudrait tout réserver pour elle, et nous voir mourir de faim.» Alors , la troupe se précipite sur le grain. Leur témérité leur coûta cher, pas un des oiseaux n’échappa. L’alouette avait raison sans doute ; mais ceux qui ont raison , même parmi les hommes , sont-ils toujours écoulés !
Les Oiseaux, par Jean Hery, du Loroux,