Les oiseaux ayant perdu leur roi s’étoient assemblés dans un grand bois pour lui donner un successeur. Tous se trouvèrent à la diète, excepté le coucou. On l’entendit chanter à quelque distance de là : sa voix forte et sonore frappa tout le monde; on crut qu’un oiseau qui annonçait tant de vigueur étoit fait pour gouverner un grand empire, et en conséquence il fut unanimement élu roi.
dépendant, avant de lui jurer obéissance, on voulut connoitre plus particulièrement ce qu’il étoit, et l’on dépêcha vers lui, pour s’en assurer, la mésange, renommée entre tous les volatiles pour être sage et prudente. Celle-ci alla se percher sur l’arbre où il étoit : elle vola, tourna autour de lui, l’examina bien, et fut d’abord choquée de son air niais et ignoble. Ce n’est pas tout : dans le dessein de l’éprouver et de pouvoir l’apprécier plus positivement, elle se place au-dessus de sa tête et laisse tomber sur lui son ordure; le coucou, sans en être plus ému, se contente de secouer ses plumes.
Alors la mésange s’en retourne et va raconter l’assemblée ce qu’elle a fait. « Ce roi-là n’est pas ce qu’il nous faut, dit-elle; car s’il n’a pas osé se venger de moi qui suis foible et petite, que fera-t-il donc quand un autre plus fort que lui l’insultera? Nous avons besoin d’un chef robuste et courageux, qui soit en état de faire trembler tous ses sujets et de n’en redouter aucun. »
En parlant ainsi, elle jeta les yeux sur l’aigle, et admira la force qu’annonçoit cet oiseau, sa haute taille et son regard fier. « Voici, ajoutât-elle, le maître qui nous convient II porte des armes formidables, il sait endurer long-temps la soif et la faim, il ne craint point les combats, et nous pouvons être assurés d’avance qu’il ne redoutera point de punir l’injustice. »
On crut la mésange, on choisit l’aigle pour roi, et depuis ce temps il n’a point cessé de l’être.
Notes :
Voici comme Esope conte cette fable.
Les oiseaux étoient assemblés pour choisir un roi. Le paon demanda la couronne, prétendant qu’elle étoit duc à sa beauté; déjà on penchoit à la lui accorder, lorsque le geai s’y opposa. « Si pendant ton règne, nous sommes attaqués, lui dit-il, qui nous défendra? » “Les Oiseaux se choisissant un Roi “