À qui l’exerce bien, un seul art peut suffire ;
Mais se fier à des demi-talents,
En eût-on à revendre, il n’est ressource pire.
Ces êtres ambigus, nommés Poissons volants,
Ne peuvent toutefois se dire,
Et de beaucoup s’en faut, Docteurs in utroque.
Pilotes mal-adroits, mauvais aéronautes,
Leur sillage ou leur vol est sitôt détraqué,
Que de l’air ou des eaux ces misérables hôtes,
S’ils échappent des mers aux monstres affamés,
C’est pour choir sous les coups de brigands emplumés.
On prétend que jadis, contre tant d’infortune,
Ils avoient imploré le secours de Neptune.
« L’empire des oiseaux ne me fut pas donné ;
» Adressez-vous à notre aîné ;
» Mercure est là, pour vous tâchez qu’il s’entremette ;
» Je n’y puis rien. » Des mers ainsi parla le dieu.
Complaisant messager. Mercure son neveu
Fut donc nanti de la requête…
Jupiter la trouva messéante, indiscrette :
« Car avec le peuple Poisson
» Qu’ai-je à faire ? Cadet d’assez bonne maison,
» Neptune est maître en son domaine,
» Et du Goujon à la Baleine,
» C’est par devers lui seul que doivent se pourvoir
» Les muets habitants du liquide manoir.
» Entre deux selles, dit un ancien proverbe,
» On reste… » Notre langue, en sa morgue superbe,
Retient ma plume. Ainsi laissant là ce dicton,
De mes Poissons volants j’emprunte une leçon
Que je pourrai du moins transcrire en toutes lettres :
Il fait mauvais avoir deux maîtres.
“Les Poissons volants”