Dans une vaste basse-cour,
Où sultan coq tenait sa cour.
Maints cochets libertins, aux poules, aux poulettes.
Les plus jeunes, les plus coquettes.
Débitaient cent propos d’amour.
Seigneur coq oyant ces fleurettes.
Et soupçonnant, d’ailleurs, des intrigues secrètes.
Assembla son sérail, et dit, fort en courroux :
« Comment ! perfides que vous êtes.
Trahir votre amant, votre époux !
Écouter les fades sornettes
Des faquins chercheurs de conquêtes !
Ne les peut-on traiter avec sévérité ?…
Mais, propos de cochets vous mettent en gaîté ;
A les bien accueillir vous êtes toujours prêtes ;
Et puis, dans vos détours, sait-on ce que vous faites?
Pourtant de la fidélité
La colombe en ces lieux vous offre le modèle…
— Eh ! oui, dit aussitôt une jeune femelle :
Nous estimons beaucoup l’épouse du pigeon ;
Elle est constante, elle est fidèle ;
Mais en savez-vous la raison,
Seigneur ? c’est que, dans cette espèce,
Chaque amant n’a qu’une maîtresse. »
“Les Poules et le Coq”