Pistil
Poète, éditos et fabuliste contemporain – Les termites
Une colonie de termite rongeait une charpente, patiemment, sans lim
ite, une digestion lente.
Chacune dévorant sa part de l’édifice, elles s’en font un devoir de ce sacrifice.
Besognantes à l’excès, un cricricri discret, cricricri sans arrêt, la charpente fissurait,
jusqu’au jour où l’inéluctable effondrement survint car se pourrait-il en être autrement ?
De cette banale histoire voici mes conclusions :
Une charpente rongée et prête à s’effondrer
Peut-elle être sauvée ? (vous voyez l’allusion ?)
Quand chacun ronge un peu qui faut-il accuser ? Nous allons descendre au cœur de cette fable pour questionner et chercher des responsables..
« Bonjour Termite ». « Cricricri, bonjour ! »
« vous rongez, c’est un fait, mais… ça craque autour. »
« mon travail, cricri, c’est de ronger, je ne vois pas de ce dont vous parlez ».
« Oh ! une grosse termite, je m’en vais la sonder :
Hello ! ». « Cricri, ouaip !? » . « Ca craque, non ? vous entendez ? »
« Vous devez vous tromper, je n’en suis point informée »
« Ha, ha ! voici une grande termite à l’air sévère,
Un chef sans doute. Sont-ce des craquements qu’on entend ? »
« Vous n’entendez rien : un bruit de grignotage, c’est clair ?
Vous seriez bien avisée de l’oublier sur le champ . »
« Mais enfin, sœur Termite, ne vois tu rien venir
De la chute finale que nous ne cessons d’ouïr ? »
« elle n’aura jamais lieu, cricri, vous êtes manipulé,
Les discours alarmistes, cricri, n’ont rien de fondé ! »
« on va tous crever et vous ne voulez l’avouer !? »
« je vous l’ai déjà dit, cricri : TOUT VA TRES BIEN, rompez ! »
« c’est précisément à ce moment de la fable
Que me vient une sensation désagréable :
On m’a laissé partir mais un doute me submerge :
Pourquoi toutes ces grosses termites, vers moi, convergent ?
Je ne discerne plus le craquement avéré
Du son des ouvrières qui semble augmenter…
Vite ! vite ! il faut que je sorte de cette histoire
Argh ! trop tard …
« et nous rappelons pour fermer ce journal que c’est le 113è jour de détention pour notre confrère et ami Pistil pris en otage par les fourmis rouges qui cherchent à déstabiliser notre sainte charpente en toujours parfait état, cricri, bonsoir ! »
De cette banale histoire voici mes conclusions :
Une charpente rongée et prête à s’effondrer
Peut-elle être sauvée ? (vous voyez l’allusion ?)
Quand chacun ronge un peu qui faut-il accuser ?
Pistil