Deux têtes à perruque un jour se disputoient,
Celles s’entend qu’on nomme des marottes
Et dans leurs querelle mettoient,
Autant d’aigreur que des dévotes.
De leurs debats quel est le point ?
Vous vous en doutés bien, les traits de leur visage
L’un avoit un long nés, l’autre n’en avoit point
Et toutes deux vouloient emporter l’avantage.
L’une prétend que dans l’antiquité
D’un beau grand nés toute femme étoit vaine,
Et qu’aussi la posterité
Garda le souvenir des nés à la Romaine ;
L’autre dit, je ne sçais s’il faut se prévaloir
D’une semblable monticule
Mais j’aime mieux n’en point avoir
Que d’avoir un nés ridicule.
Vous riés cher lecteur d’un tel raisonnement
Eh bien allés de Paris aux Molucques
Vous verrés que partout les têtes à perruques,
Ne raisonnent pas autrement.
“Les têtes à Perruques”