Denis Charles Henri Gauldrée-Boileau
Une tortue et sa voisine
Se disputaient. Qui pouvait les aigrir ?
L’une voulait mieux que l’autre courir.
On se défie ; on s’achemine
Aussi vite qu’on peut vers un étroit vallon,
Arène encore trop vaste. Au pied de la colline,
A vingt pas est le but ; ce but est un buisson ,
Et le prix est un limaçon
De la plus excellente mine.
Les spectateurs placés et les juges assis ,
Le couple impatient voit s’ouvrir la barrière.
Il part, fait pour courir des efforts inouïs ;
O diligence singulière ! I
l est presque à moitié de sa longue carrière ,
Mais la nuit est venue , et pour passer le temps,
Juges et spectateurs endormis sur les bancs,
Ronflent chacun à sa manière.
Enfin on s’éveilla ; chacun s’en fut coucher,
Et d’un ton ricaneur, dit en quittant sa place ,
Plus de rivalités, mesdames, qu’on s’embrasse ;
Avant que de courir il faut savoir marcher.
“Une tortue et sa voisine “