Qu’on est malheureux quand on aime,
S’entre-disaient deux Tourtereaux!
Tantôt une frayeur extrême
Vient des jaloux ou des rivaux;
Tantôt les rigueurs de l’absence
Nous font couler les jours en pleurs;
Quelquefois même la présence
Expose à de vives douleurs.
Un importun nous incommode,
Un babillard nous fait rougir,
Ou quelque ridicule mode
Glose notre façon d’agir.
Allons consulter à Cythère
Les oiseaux de ce pays-là.
Vers cette région si chère
Le beau couple aussitôt vola.
La Fauvette expérimentée
Consola nos pauvres amants,
Et leur tendresse rebutée
Reçut ses éclaircissements.
» Souvent les amoureux désirs
» Dans de grands chagrins nous engagent ;
» Mais les chagrins sont des plaisirs,
» Lorsque entre deux ils se partagent.»
“Les Tourtereaux et la Fauvette”