Charles-Guillaume Sourdille de la Valette
Écrivain, poète et fabuliste XVIIIº – Les vœux de l’âne
« J’entends parfois des gens stupides
« Appeler le printemps la saison des plaisirs :
« C’est plutôt celle des soupirs.
« Disait l’Âne, les veux humides.
« Mon maître, bêlas! tous les matins
« Sur mon dos charge ses jardins :
« Arbustes, fleurs, caisses et terre.
« Disposés comme par gradins,
« De moi font un vivant parterre
« Pour les amateurs citadins.
« Je n’y tiens plus : ah ! quelle vie !
« Arrive, été, je t’en supplie ;
« Viens terminer mes longs chagrins. »
L’été parait, mais il amène
A sa suite nouveaux soucis :
Autre temps enfin, autre peine.
Deux mannequins, de légumes remplis,
Dès le retour de chaque aurore,
Placés sur le Baudet, le désolent encore.
« Que l’été nous cause de mal !
« Automne, mon espoir, dit le triste animal.
« Écoute la voix qui t’implore ! »
Paré de fruits, l’automne est accouru ;
A son tour le verger fertile
Livre aux paniers ses dons que doit payer la ville
L’Âne déjà voudrait que l’hiver fût venu ,
Charles-Guillaume Sourdille de la Valette, Les vœux de l’âne