Un bon villageois sans malice trouva en hiver un serpent roide de froid. Touché de pitié, il le met dans son sein pour le réchauffer; mais la bête malfaisante n’est pas plus tôt rendue à la vie qu’elle cherche à étouffer son bienfaiteur en le serrant des longs anneaux de son corps. Celui-ci cherche à se débarrasser : « Malheureux! s’écrie-t-il, voilà donc comme tu paies le bien qu’on te fait!
—J’obéis à mon naturel, répond le serpent.»
Pendant tout ce débat, un renard passe auprès d’eux, et voit le villageois aux prises avec son ennemi. « Retire-toi, dit-il au serpent; tu commettrois une vilaine action, mais il est encore temps de te repentir. Et vous, ajouta-t-il en s’adressant à l’homme, vous avez eu tort d’employer vis-à-vis de cet animal des termes injurieux.
Sachez que, quand on est dans le danger, il n’est pas sage d’insulter son ennemi. »
“L’Homme , le Renard et le Serpent”