“L’Homme mordu par un Chien” – Un homme mordu par un chien, allait çà et là cherchant remède à son mal. Quelqu’un s’offrit à sa rencontre , et connaissant ce qu’il desirait : si tu veux guérir, lui dit-il, étanche le sang de ta plaie avec du pain , et le donne à manger au chien qui t’a mordu. Mais reprit l’autre en riant, si je suis ce conseil, je serai infailliblement mordu de tous les chiens de la ville.
Cette fable montre que les méchans à qui l’on fait du bien , n’en sont que plus portés à faire du mal.
Autre version
” L’Homme mordu par un Chien “ – Un homme mordu par un chien courait de tous côtés, cherchant quelqu’un pour le guérir. Un quidam lui dit qu’il n’avait qu’à essuyer le sang de sa blessure avec du pain et à le jeter au chien qui l’avait mordu. A quoi le blessé répondit : « Mais, si je fais cela, je serai fatalement mordu par tous les chiens de la ville. »
Pareillement, si vous flattez la méchanceté des hommes, vous les excitez à faire plus de mal encore.
- Esope – (VIIe-VIe siècle av. J.-C)
Homo et Canis
Laceratus quidam morsu uehementis canis,
tinctum cruore panem misit malefico,
audierat esse quod remedium uulneris.
Tunc sic Aesopus: ‘Noli coram pluribus
hoc facere canibus, ne nos uiuos deuorent,
cum scierint esse tale culpae praemium’.
Successus improborum plures allicit.
- Phedre – (14 av. J.-C. – vers 50 ap. J.-C.)
L’Homme et le Chien
Un Homme qui avait été mordu par un Chien furieux, jeta au méchant animal un morceau de pain rougi dans son sang, parce qu’il avait entendu dire que c’était le remède pour ce genre de blessure. ” N’allez pas faire cela devant d’autres chiens, lui dit alors Esope; car ils nous dévoreraient tout vivans, s’ils savaient qu’on récompense ainsi leurs fautes. ”
Le succès des méchans encourage bien des gens.
- Fable de Phedre traduite par Ernest Panckoucke ‘ 1808 – 1886) édition 1839
L’Homme mordu par un Chien
Un jour un gros Bourgeois, mordu par un Mâtin,
Demandoit un secret contre cette blessure.
Dans votre sang , dit-on , trempez du pain
Dont vous régalerez l’auteur de la morsure.
Vous vous moquez, dit l’Homme on badinant.
Trop grande seroit l’imprudence ,
Si je traitois ainsi l’animal qui m’offense :
Après lui mille Chiens voudroient en faire autant :
Ils me mangeroient tout vivant.
L’impunité, la récompense,
Rendent encore plus méchant.
- Pierre de Frasnay – (1676 – 1753)