Au temps où le ciseau pouvait créer des dieux,
Certain payen en avait un d’albâtre,
Dont la blancheur éblouissait les yeux.
Dans la ferveur de son culte idolâtre,
Plein d’un zèle religieux,
Tous les matins il lui fesait hommage
D’une bonne dose d’encens :
Mais ses sombres vapeurs, s’élevant en nuage,
De leur fumée obscure ayant, en peu de temps,
Fortement imprégné cette brillante image,
Au lieu d’y voir encor de la divinité
L’éclat auguste et respectable,
Dans ses traits, l’œil épouvanté
N’aperçut bientôt plus qu’un noir suppôt du diable.
Homme riche ou puissant, lorsque, pour te flatter,
De vils adulateurs prodiguent l’hyperbole,
Garde-toi de les écouter,
Et songe que l’encens noircit toujours l’idole.
“L’Idole”