Une pauvre veuve hérita
D’un riche parent d’Amérique ;
Quels transports lorsqu’elle quitta,
Pour un château, son toit rustique.
— Mais, dit-elle, je me souviens
Que j’ai pour voisins deux chrétiens
Dont la maison est pauvre et nue !
Notre veuve leur distribue,
Avant de partir, son butin :
Son bahut ciré, sa bancelle ;
La grosse horloge de sapin ;
Table, armoire, dressoir, vaisselle.
Lit. Tout y passe. Un seul objet
Par la riche veuve est distrait.
— Toi qui fus le dépositaire
De mes secrets. Toi, qui souvent
Entendis mes pleurs, ma prière,
Viens, dit-elle, sois confident.
Du bonheur après la tristesse ;
Contre les flatteurs sois, sans cesse,
De la veuve le conseiller !
Cela dit, la riche héritière
Emporta au château, Quoi ? — Son modeste oreiller.
Quand le sort te devient prospère,
Ah ! souviens-toi de ton ami !
S’il a partagé ta misère,
Sois heureux, sois riche avec lui.
“L’Oreiller de la Veuve”