L’ours un jour s’étant mis on tète
De régaler chez lui les hôtes des forêts,
Pour ce fameux festin on fit de grands apprêts.
Et rien ne manquait à la fête.
Rien, dis-je, à la bonne humeur près.
Quoiqu’en nombreuse compagnie.
Le singe, que son goût, ainsi que son génie.
Porte à batifoler, se crut en un désert;
Point de joyeux propos, point de ces gaités vives
Qui rendent si friands les morceaux que l’on sert :
Il n’attendit pas le dessert
Pour quitter l’hôte et ses convives.
« Quoi ! dit l’ours, vous ne restez pas?
Où donc allez-vous, mon confrère?
— Où l’on se réjouit, dit Bertrand : cher compère,
Sans ce point tous vos mets sont pour moi sans appas.
Dieu nous préserve des repas
Où l’on ne fait que bonne chère !
“L’Ours et ses Convives”