Miles et Lituus
Voverat attritus quondam per proelia miles
Omnia suppositis ignibus arma dare,
Vel quae victori moriens sibi turba dedisset
Vel quicquid profugo posset ab hoste capi.
Interea votis sors affuit, et memor arma
Coeperat accenso singula ferre rogo.
Tunc lituus, rauco deflectens murmure culpam,
Immeritum flammis se docet esse prius.
Nulla tuos, inquid, petierunt tela lacertos,
Viribus affirmes quae tamen acta meis;
Sed tantum ventis et cantibus arma coegi,
Hoc quoque submisso (testor et astra) sono.
Ille resultantem flammis crepitantibus addens:
Nunc te maior, ait, poena dolorque rapit;
Nam licet ipse nihil possis temptare nec ausus,
Le Soldat et le Clairon
Un soldat vieilli dans les combats avait un jour fait voeu de livrer aux flammes toutes les armes que, après la victoire, il aurait enlevées à la foule des mourants ou tout ce qu’il pourrait prendre aux ennemis en fuite. Le sort lui permit de s’acquitter de son voeu. Fidèle à sa promesse, il avait commencé à porter sur un bûcher allumé les instruments de guerre les uns après les autres, lorsqu’un clairon, cherchant à se disculper, lui dit d’une voix sourde qu’il ne méritait pas d’être brûlé. « Aucun trait, dit-il, n’a été dirigé contre toi, que tu puisses dire lancé par moi. J’ai seulement fait entendre des accents inoffensifs pour rassembler les combattants et je l’ai même fait, j’en atteste le ciel, avec des sons modérés. » Mais le soldat, malgré ses résistances, le jeta au milieu des flammes pétillantes : « Ce n’est pas trop pour toi, dit-il, de ce châtiment et de ce supplice; car, bien que tu n’aies ni le pouvoir ni le courage de rien faire par toi-même, tu es d’autant plus cruel que tu rends les autres méchants.»