Jean de Boves :
Nous ne connoissons ni l’époque de la naissance, ni l’époque de la mort Jean de Boves; tout ce que nous savons de lui, c’est qu’il a composé un grand nombre de fabliaux et quelques fables; qu’il fut regardé comme un des meilleurs poètes de son temps, et que ses ouvrages ont été recueillis avec soin dans les manuscrits que faisoient exécuter à grands frais les princes qui prenoient plaisir à conserver les poésies des meilleurs trouvères. Rival tout à la fois de Marie de France et de Rutebeuf, Jean de Boves fut justement admire de ses contemporains; il raconte avec esprit et naïveté ; son style a de la grâce et de la précision ; et quand on se reporte à l’époque où ce trouvère écrivoit, on trouve que ses vers ne manquent pas d’une certaine harmonie. Il est du petit nombre des auteurs du treizième siècle que les poètes de l’âge suivant prirent pour modèle. Les conteurs alloient récitant leurs vers de château en château ou de ville en ville, seule manière alors en usage pour les faire connoître. Dans ses contes ou fabliaux, Jean de Boves peint les actions ordinaires de la vie et les mœurs générales; c’est un miroir fidèle et véritable de l’histoire civile et privée des François du treizième siècle. Ses contes, de peu d’étendue, ne consistent que dans une seule historiette, ordinairement fort gaie et embellie par une manière de narrer simple et naïve, par une sorte de franchise et de bonhomie qui plaît au milieu des invraisemblances dont plusieurs de ces contes sont remplis. Jean de Boves a composé quelques pièces dialoguées, qui doivent être mises au nombre des premiers essais de l’art théâtral.
- Les Poètes Francois, Depuis Le XII. Siècle Jusqu’à Malherbe – 1824
- “Notice sur Jean Boves”