Fénelon
Archevêque, poète et fabuliste XVIIº – Notice sur la vie de Fénelon
Ce petit livre a été composé par Fénelon pour l’éducation du duc de Bourgogne, dont il était précepteur. C’est un recueil de fables, de réflexions et de nouvelles, écrites avec une négligence aimable, et dans lesquelles on retrouve encore la pure et douce morale et le style du Télémaque.
François de Salignac de Lamothe-Fénelon, né en 1651, au château de Fénelon en Quercy, d’une famille noble, entra de bonne heure dans l’état ecclésiastique, où il se fit sur-le-champ distinguer par son talent pour la prédication. Il fut l’un des missionnaires désignés pour travailler à la conversion des protestants ; et sa mission fut des plus heureuses, quoiqu’il n’eût voulu employer d’autres armes que celles de la persuasion. Le duc de Beauvilliers, gouverneur du duc de Bourgogne, voulut avoir pour collaborateur L’abbé de Fénelon. Il vint donc à la cour, où il se fit respecter par ses vertus, admirer par ses talents, aimer par les infinies séductions de ses manières et de son caractère. Le jeune prince surtout ne tarda pas à éprouver pour son précepteur une affection qui ne se démentît jamais. On vit se former comme un petit troupeau, dont Fénelon était le père spirituel, et dans lequel entrèrent le duc de Bourgogne, M. de Beauvilliers son gouverneur, le duc de Chevreuse, et même, dans les premiers temps, Mme de Maintenon. L’influence de Fénelon sur l’esprit du jeune prince, la famille spirituelle dont il était devenu le père, un mysticisme peut-être excessif qui perçait déjà dans ses écrits, et, plus que tout cela, certains passages du Télémaque où il était facile d’apercevoir une critique assez forte du gouvernement de Louis XIV, alarmèrent l’orthodoxie de Bossuet, alors tout-puissant dans l’Église, et donnèrent de l’ombrage au roi, à sa favorite et à ses ministres. On résolut de séparer brusquement le duc de Bourgogne d’un précepteur qu’il adorait. Fénelon était archevêque de Cambrai : il fut contraint d’y résider, et y demeura comme en exil jusqu’à sa mort, arrivée en 1715.
Du fond de son diocèse, Fénelon ne cessa d’occuper le monde. Une discussion purement théologique s’était élevée entre Bossuet et lui au sujet des doctrines de Mme Guyon sur le pur amour. Un grand nombre d’écrits furent publiés de part et d’autre ; et la cause fut enfin portée en cour de Rome, où l’archevêque de Cambrai fut condamné. Il se soumit immédiatement avec une modestie et une humilité parfaites, et se chargea lui-même d’annoncer en chaire sa condamnation. Malgré tout, Louis XIV ne cessa de lui tenir rigueur ; et lorsque le duc de Bourgogne passa par Cambrai pour aller prendre Je commandement de l’armée de Flandre, il fut à peine permis à son ancien maître de le voir un instant et de l’embrasser en présence de toute sa suite.
Il y eut pourtant un moment où l’on put croire que Fénelon serait appelé à jouer un grand rôle dans l’État : ce fut lorsque le duc de Bourgogne devint dauphin par la mort de son père. Tous les ambitieux prirent alors le chemin de Cambrai, et l’archevêque, qui n’avait vécu jusque-là qu’au milieu de ses prêtres, uniquement occupé de bonnes œuvres, avec la ferveur d’un apôtre et la charité d’un saint, se vit tout à coup entouré d’une véritable cour. Cet éclat dura peu. Le dauphin mourut; et Fénelon, frappé au cœur, ne lui survécut que trois ans.
On a de lui un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels nous citerons seulement le Télémaque, la Lettre sur l’éloquence, la Démonstration de l’existence de Dieu, les Sermons et les œuvres spirituelles.
(Fables de Fénelon – 1872) Notice sur la vie de Fénelon.
François de Salignac de La Mothe-Fénelon dit Fénelon 1651 – 1715