M. Décampe
Observations et réflexions critiques sur le genre de l’apologue, et en particulier sur les fables de La Fontaine.
Par M. DECAMPE, un des quarante Mainteneurs.
J’entrepris, il y a de cela bien longtemps, dans l’intérêt de mes élèves et pour ma propre instruction, un examen critique et détaillé du plus étonnant ouvrage de poésie dont se glorifie notre langue, je veux parler des Fables de la Fontaine. Après deux ou trois ans d’une étude assidue, je fus détourné de ce travail par d’autres soins. J’avais alors examiné, discuté, annoté toutes les fables qui composent la première moitié de l’ouvrage, c’est-à-dire les six premiers livres. Mon commentaire en est, depuis trente ans et plus, au point où je l’avais laissé. Des préoccupations d’une autre sorte m ont empêché d’y revenir, et je ne trouve plus en moi l’ardeur et le courage nécessaires pour les comparaisons, les rapprochements, les recherches que m’imposait le plan que je m’étais tracé.
Or, il m arriva bien souvent, en me livrant à ce travail, d’être frappé de certains points de vue qui m’avaient jusqu’alors échappé, d’arrêter mes réflexions sur telle ou telle combinaison du fabuliste qui me semblait défectueuse, de remarquer l’oubli de telle ou telle règle que je croyais plus ou moi
ns inhérente à l’essence de l’Apologue. Alors, interrompant mon examen et laissant là mon commentaire pour assembler mes déductions, pour généraliser la loi que j’avais entrevue, je rédigeais, au courant de la plume , le résultat de mes réflexions. J’ai cru devoir communiquer à l’Académie quelques-unes de ces Observations critiques, depuis que la Fable a été comprise au nombre des genres admis dans ses concours; et l’Académie, déterminée à son tour par cette dernière circonstance, a trouvé bon que ces Observations détachées fussent réunies dans son Recueil. Elles sont au nombre de sept, et composent autant de chapitrés ou de dissertations particulières.
Je vais les mettre sous les yeux du lecteur, en tâchant de les disposer dans l’ordre le plus naturel.
OBSERVATIONS 1ere. partie
Quand on fait volontiers sa lecture du recueil des Fables de la Fontaine, on ne tarde pas à s’apercevoir que SES FABLES LES PLUS COURTES SONT EN GÉNÉRALE LES plus médiocres , tandis que les plus belles, celles qu’on relit avec plus d’attrait, sont d’une longueur qui semble quelquefois dépasser les bornes du genre; telles sont…lire la suite…
OBSERVATION 2eme. partie
J’ai annoncé tout à l’heure que nous dirions quelque chose de l’espèce de vraisemblance nécessaire dans l’Apologue. Cette matière est importante. Voici ce que je pense à cet égard.
Commençons par nous rappeler que le propre de l’Apologue est de prêter aux animaux et aux êtres insensibles l’intelligence, les passions…lire la suite…
- Par M. DECAMPE, un des quarante Mainteneurs. Recueil de l’Académie des jeux floraux – 1852 – (Observations et réflexions sur l’apologue)