Joli tendron, sur l’herbette couché
Laissait voir un charmant corsage ;
Un jeune amant , par ses yeux alléché ,
Lui tint à peu-près ce langage :
Eh! bon jour, charmante Isabeau!
Que vous avez d’appas, que votre corps est beau!
Avec ce parfait assemblage ,
Si votre humeur n’est point sauvage ,
Vous êtes le phœnix des belles de ces bois.
A ces mots, Isabeau ne se sent pas de joie,
Et soit par faiblesse , ou par choix,
Elle devient du jeune amant la proie
Le galant refroidi, lui dit : Mon petit cœur
Sachez que tout conteur
Vit aux dépens de celle qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage, doute,
Le tendron , honteux et confus ,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
“Parodie du Renard et du Corbeau”
(Almanach des fabulistes, 1815)