Phèdrine
Amassez en votre jeunesse de quoi soutenir votre vieillesse
Dans les ardeurs de la saison brulante,
Une Cigale dans le chams
Sautoit, chantoit, se donnoit du bon tems,
Et vivoit à son gré contente,
Tandis que la Fourmi d’un labeur assidu,
Attentive au soin du menage,
Remplissoit son grenier d’un innocent pillage,
Pour s’en servir dans l’Hiver attendu.
Cet Hiver vient, & la pauvre Cigale
Que pressoit le froid & la faim,
Se sentant approcher de son heure fatale,
Vint prier la Fourmi de l’aider de son grain.
Que faisois-tu, lui dit la Bete ménagère,
Durant les dernières moissons ?
Je m’egayois sur la fougere,
Repond la Cigale legere,
Et faisois dans les airs retentir mes chansons.
Fort bien, dit la Fourmi , ta prevoiance est grande,
Qui conte sur autrui souvent a mal conté,
Et pour toute reponse à ta sotte demande,
Tu peux danser l’Hiver, si tu chantois l’Eté.
“Phedrine – Amassez en votre jeunesse de quoi soutenir votre vieillesse.”