Quoi ! vous saviez, pauvres petites,
Qu’il faudrait un beau jour vous risquer avec moi,
Et voilà que, tout interdites,
Vous hésitez, palpitantes d’émoi !
Vous n’osez quitter la retraite
Qui vous cacha près de vingt ans,
Dans la crainte qu’on ne vous traite
En radoteuses du vieux temps.
Parbleu ! je le sais bien, votre innocent ramage
Trouvera dans les cœurs un difficile accès.
Vous ne parlez ni turf ni report ; c’est dommage.
Mais on peut, je suppose, ignorer ce langage
Et trouver cependant quelques lecteurs français.
Courage donc, petites sottes !
Vous craignez, je le sais, d’être un jour papillotes ;
Mais au front d’une belle où serait le malheur ?
Songez que, d’autre part, vous risquez qu’on vous lise
Et qu’il peut arriver qu’un critique s’avise
De vous trouver quelque valeur.
Marchez donc en avant, follettes indociles :
Lorsque le cœur est pur tous les pas sont faciles.
“A Mes fables”