de abiete ac dumis
Horrentes dumos abies pulcherrima risit,
cum facerent formae iurgria magna suae.
indignum referens nulllis certamen haberi,
quos meritis nullus consociaret honor.
«nam mihi deductum surgens in nubila corpus
verticis erectas tollit in astra comas.
puppibus et patulis media cum sede locamur,
in me suspensos explicat aura sinus.
at tibi deformem quod dant spineta figuram,
despectum cuncti praeteriere viri.»
ille refert «nunc laeta quidem bona sola fateris,
et frueris nostris imperiosa malis.
sed cum pulchra minax succidet membra securis,
quam velles spinas tunc habuisse meas.»
Le Sapin et le Buisson
Un sapin des plus beaux se moquait d’un buisson épineux au cours d’une vive dispute sur leur beauté respective. Tout débat, disait-il, paraissait tout à fait déplacé entre ceux pour qui leurs qualités ne sauraient justifier aucun partage de considération. « Car mon corps svelte s’élance dans les nues et porte vers les astres ma tête droite et chevelue; et quand on me place au centre des larges navires, c’est moi qui supporte les voiles que gonfle le vent. Près de toi, à cause de l’aspect hideux que te donnent tes épines, tous passent avec dédain. » « Maintenant, répond le buisson, tu prends plaisir à ne parler que de tes avantages, et avec des airs de supériorité tu jouis de mes disgrâces : mais quand la hache menaçante fera tomber tes branches si belles, combien alors ne voudrais-tu pas avoir mes épines !