de camelo
Contentum propriis sapientem vivere rebus,
Nec cupere alterius fabella nostra monet,
Indignata cito ne stet Fortuna recursu
Atque eadem minuat quae dedit ante rota.
Corporis immensi fertur pecus isse per auras
Et magnum precibus sollicitasse Iovem:
Turpe nimis cunctis irridendumque videri,
Insignes geminis cornibus ire boves,
Et solum nulla munitum parte camelum,
Obiectum cunctis expositumque feris.
Iupiter irridens postquam sperata negavit,
Insuper et magnae sustulit auris onus.
Vive minor merito, cui sors non sufficit, inquit,
Et tua perpetuum, livide, damna geme.
Le Chameau
Le sage vit content de ses avantages propres sans convoiter ceux d’autrui : c’est ce que cette fable nous recommande, de peur que la Fortune en colère ne souffle brusquement en sens inverse et qu’elle ne nous reprenne d’un tour de sa roue ce qu’elle nous a précédemment donné. Le chameau au corps immense s’en alla, dit-on, à travers les airs et fatigua de ses prières le grand Jupiter : tout le monde, disait-il, le trouvait laid à l’excès et risible; les bœufs se faisaient remarquer par deux cornes et le chameau seul, sans nul moyen de défense, était exposé et offert aux attaques de tous les animaux sauvages. Mais Jupiter lui refusa avec ironie ce qu’il avait espéré, et, de plus, l’allégea du poids de ses grandes oreilles : « Vis, lui dit-il, ainsi diminué, comme tu le mérites pour être mécontent de ton sort et pleure à jamais, jaloux que tu es, sur le tort qu’on t’a fait. »