Au village,
Un orage
Met la peur.
De frayeur
Un jeune homme,
Que je nomme
Nicolas,
Dit : « Holà !
Quoique brave,
A la cave
Cachons-nous. »
Le vin doux
Qui fermente
Vous le tente,
Il en boit
Un bon doigt,
Puis s’étale
Sur la dale.
Par malheur
La vapeur
Si fatale
Qui s’exhale,
L’étourdit ;
Il périt.
Vent dégage
Le nuage,
Soleil luit,
Danger fuit.
Du poltron, bien souvent, la crainte imaginaire
Est la mauvaise conseillère.
“De Charybde en Scylla”¹
Explication:
— On appelait autrefois Charybde et Scylla deux écueils placés, l’un sur la cote nord-est de la Sicile, l’autre sur la côte méridionale de l’Italie, dans le détroit de Messine. Le danger qu’offrait le passage entre ces deux écueils donna lieu au proverbe connu : tomber de Charybde en Scylla, et qui termine la fable de La Fontaine, que vous avez lue plus haut.
Selon la fable, Charybde était une femme sicilienne qui, ayant volé des bœufs à Hercule, fut foudroyée et changée par Jupiter en un gouffre affreux. Scylla, de son côté, était une nymphe de Sicile, que la magicienne Circé changea en un rocher qui avait la tète d’une femme, dont le buste s’élevait au-dessus des eaux, et dont les flancs étaient hérissés de chiens dévorants. Homère, qui a suivi la fable, a fait de ces écueils deux monstres effroyables, auxquels le prudent Ulysse n’échappa qu’avec beaucoup de peine.
“Charybde et Scylla” ((Théodore Lorin, 1852)