de leone et cane
Pinguior exhausto canis occurrisse leoni
Fertur, et insertis verba dedisse iocis.
Nonne vides duplici tendantur ut ilia tergo
Luxurietque toris nobile pectus, ait?
Proximus humanis ducor post ocia mensis,
Communem capiens largius ore cibum.
Sed quod crassa malum circumdat guttura ferrum?
Ne custodita fas sit abire domo.
At tu magna diu moribundus lustra pererras,
Donec se silvis obvia praeda ferat.
Perge igitur nostris tua subdere colla catenis,
Dum liceat faciles promeruisse dapes.
Protinus ille gravem gemuit collectus in iram
Atque ferox animi, nobile murmur agit.
Vade, ait, et meritis nodum cervicibus infer,
Compensentque tuam vincula dura famem.
At mea cum vacuis libertas redditur antris,
Quamvis ieiunus quelibet arva peto.
Has illis epulas potius laudare memento,
Qui libertatem post posuere gulae.”
Le Chien et le Lion
Un chien replet rencontra, dit-on, un lion qui n’avait plus de chair et lui adressa la parole sur un ton enjoué. « Ne vois-tu pas, dit-il, comme mon ventre s’arrondit jusque sur mes flancs et comme les muscles abondants de ma poitrine me donnent une belle prestance. Tout près de la table des maîtres je passe mes loisirs à manger, la bouche pleine et au delà des mets qu’on leur sert. » — «Mais qu’est-ce que ce méchant collier de fer qui entoure ton cou épais? » — « C’est pour que je ne puisse pas m’en aller de la maison dont je suis le gardien? Pour toi, tu erres longtemps, mourant de faim, dans tes vastes domaines, en attendant que dans les forêts une proie se rencontre sur tes pas. Viens donc, comme moi, offrir ton cou à la chaîne, pourvu que tu puisses ainsi gagner facilement de bons repas. » Aussitôt le lion, pris d’une violente colère et emporté par sa fierté, pousse avec des plaintes son noble rugissement. « Va, dit-il, et passe-toi au cou la chaîne dont tu es digne et achète de la perte cruelle de la liberté la satisfaction de ta faim. Pour moi, quand dans mon antre dépourvu de tout je me retrouve libre, même sans avoir mangé, je peux aller dans la campagne où il me plaît. Quant à tes festins, souviens-toi de ne les vanter qu’à ceux qui préfèrent les plaisirs de la bouche à la liberté.»