de leone et capella
Viderat excelsa pascentem rupe capellam,
Comminus esuriens cum leo ferret iter.
Et prior: heus, inquit, praeruptis ardua saxis
Linque, nec hirsutis pascua quaere iugis;
Sed cythisi croceum per prata virentia florem
Et glaucas salices et thyma grata pete.
Illa gemens: desiste, precor, fallaciter, inquit,
Securam placidis instimulare dolis.
Vera licet moneas, maiora pericula tollas,
Tu tamen his dictis non facis esse fidem.
Nam quamvis rectis constet sententia verbis,
Suspectam hanc rabidus consiliator habet.”
Le Lion et la Chèvre
Un lion avait aperçu une chèvre broutant sur le sommet d’un rocher, alors qu’il passait tout près d’elle et qu’il était pressé par la faim. « Holà ! dit-il en prenant le premier la parole, laisse ces hauteurs rocailleuses et escarpées et ne va pas chercher ta pâture sur ces crêtes incultes; mais cherche au milieu des vertes prairies, la fleur safranée du cytise, les saules aux feuilles glauques et le thym savoureux. » — « Cesse, je te prie, répondit la chèvre d’une voix plaintive, de troubler perfidement ma tranquillité par des ruses doucereuses. Tes avis peuvent être conformes à la réalité, mais il y a des dangers plus réels encore que tu me dissimules : ton caractère ôte à tes paroles toute créance. Car si raisonnable que soit l’expression de tes conseils, la férocité de celui qui les donne les rend suspects.