de venatore et tigride
venator iaculis haud irrita vulnera torquens,
turbabat trepidas per sua lustra feras.
tum pavidis audax cupiens succurrere tigris
verbere commoto iussit adesse minax.
ille tamen solito contorquens tela lacerto
«nunc tibi, qualis eam, nuntius iste refert,»
et simul emissum transegit vulnere ferrum,
praestrinxitque citos hasta cruenta pedes.
molliter at fixum traheret cum saucia telum,
a trepida fertur vulpe retenta diu.
nempe quis ille foret, qui talia vulnera ferret,
aut ubinam iaculum delituisset agens?
illa gemens fractoque loqui vix murmure coepit.
nam solitas voces ira dolorque rapit.
«nulla quidem medio convenit in aggere forma,
quaeque oculis olim sit repetenda meis.
sed cruor et validis in nos directa lacertis,
ostendunt aliquem tela fuisse virum.»
Le Chasseur et le Tigre
Un chasseur qui jamais ne lançait un trait en vain, troublait jusque dans leurs repaires les bêtes promptes à fuir. Pour secourir les animaux terrifiés, un tigre audacieux vint, en se battant les flancs de sa queue, le sommer avec des menaces de se présenter devant lui. Mais le chasseur lui lance des flèches avec sa force accoutumée en disant : « Le message que je t’envoie t’apprend quel est celui qui vient à toi. » En même temps, le fer part et transperce le tigre et le javelot funeste atteint les pieds agiles de la bête. Pendant que le tigre blessé s’en va péniblement en traînant le trait fixé dans la plaie, un renard tremblant l’arrêta, dit-on, assez longtemps : « D’où vient, demande-t-il, ton adversaire? Quel est celui qui fait de si cruelles blessures? Où s’était-il caché en lançant son javelot? » Le tigre peut à peine dire avec des gémissements et une voix affaiblie (car la colère et la douleur lui ôtent l’usage de la parole) : « Il n’a paru sur le terrain aucun adversaire, aucun du moins que je doive chercher à retrouver quelque jour en face de moi. Mais le sang que je répands et les traits qui m’ont été lancés d’un bras si vigoureux montrent assez que c’est un homme. »