De vento et sole
Immitis Boreas placidusque ad sidera Phoebus
Iurgia cum magno conseruere Iove,
Quis prior inceptum peragat: mediumque per orbem
Carpebat solitum forte viator iter.
Convenit hanc potius liti praefigere causam,
Pallia nudato decutienda viro.
Protinus impulsus ventis circumtonat aether
Et gelidus nimias depluit ymber aquas:
Ille magis lateri duplicem circumdat amictum,
Turbida submotos quod trahit ora sinus.
Sed tenues radios paulatim increscere Phoebus
Iusserat, ut nimio surgeret igne iubar,
donec lassa volens requiescere membra, viator
deposita fessus veste sederet humi.
tunc victor docuit praesentia numina Tytan,
Nullum praemissis vincere posse minis.
Borée et le Soleil
Le violent Borée et Phébus, le paisible joueur de cithare, eurent entre eux une grande dispute sur le ton de la plaisanterie pour savoir qui des deux viendrait le premier à bout d’une tâche. Par hasard dans la campagne un voyageur suivait sa route accoutumée. Ils convinrent de choisir comme objet du différend l’entreprise de forcer l’homme à se dépouiller de son manteau. Aussitôt le vent se déchaîne et remplit le ciel de son fracas et une pluie glaciale tombe à torrents. Le voyageur s’enveloppe doublement de son manteau, avec d’autant plus de soin que le souffle de la tempête en écarte et en tiraille les plis. Mais les rayons du soleil encore faibles prennent peu à peu de la force, par la volonté de Phébus, au point que leur ardeur devint excessive, jusqu’à ce que le voyageur, épuisé de fatigue et voulant reposer ses membres las, quitta ses vêtements et s’assit à terre. Alors le Soleil victorieux montra aux dieux, témoins de leur querelle, que l’on ne peut vaincre en commençant par des menaces.